Si la pollution est en mauvais état, le milieu l'est aussi !
Par VICKING38
Voici les détailles d'une écaille : les cercles accentués correspondent à l’arrêt de la croissance en hiver , les zones claires alternant avec ces cercles qui traduisent la croissance d'été.
De la rivière à la mer : le parcours d’une vie
La croissance des poissons est rythmée par le fil des saisons : en hiver, leur croissance ralentit, alors qu’elle s’accélère du printemps à l’automne.
Sur une écaille, il est possible de le repérer grâce à l’espace entre les stries qui s’agrandit ou rétrécit en fonction de la période de l’année.
En combinant les informations contenues dans les écailles avec les données de capture et de terrain, les chercheurs de l’Inra, qui collectent les écailles de poisson depuis les années 1970, ont repéré une nette évolution, notamment chez les saumons atlantiques.
Quelle que soit la classe d’âge de cette espèce, les individus sont plus petits, et les reproducteurs passant plusieurs hivers en mer se font plus rares.
Ainsi, les chercheurs ne s’arrêtent pas aux informations concernant le parcours de vie des poissons migrateurs : ils utilisent les écailles afin de mieux comprendre l’impact des activités humaines sur le rythme de vie de ces derniers ... Car si cette petite pièce donne de nombreux renseignement sur la vie du poisson, elle renseigne également sur l’état de l’environnement dans lequel il évolue.
Si la pollution est en mauvais état, le milieu l'est aussi !
En effet, nous ne sommes pas sans savoir qu’avec les barrages, le changement climatique, l’agriculture intensive, entre autres, l’homme modifie en profondeur l’environnement, allant même jusqu’à bouleverser le rythme des poissons.
« Depuis janvier 2018, la collection d’écailles de poisson, qui comprend près de 200 000 écailles, entre autres, est labellisée Centre de Ressources Biologiques par le GIS IBISA. Elle fait partie de l’infrastructure Rare, composée de cinq piliers, dont le pilier environnement, auquel appartient ce CRB » explique Frédéric Marchand, Directeur adjoint de l'Unité Expérimentale écologie et écotoxicologie aquatique.
Les écailles de poisson vont ainsi permettre de mieux comprendre les effets du changement climatique sur les espèces-cibles, la truite et le saumon, qui sont des bio-indicateurs de choix. « Nous parlons de bio-indicateurs car ces poissons ont un cycle de vie complexe : ils évoluent dans plusieurs milieux.
Si la population est en mauvais état, ça veut dire que le milieu dans lequel ils grandissent l’est aussi…
Ils sont très sensibles aux températures, à l’alimentation. En étudiant les écailles de poisson, nous voyons clairement que les conditions environnementales sont de plus en plus dégradées… » précise Clarisse Boulenger.
L’étude des écailles de poisson permet de prendre soin de ces espèces migratrices, qui sont en danger d’extinction : le saumon fait partie des espèces vulnérables sur liste rouge, au même titre que le panda, et l’anguille est en voie d’extinction, comme l’orang-outan …
Grâce aux différentes données collectées, des outils de gestion adaptés sont mis en place pour la plupart des espèces migratrices.
C’est le Comité de gestion des poissons migrateurs (Cogepomi), instance officielle de concertation où le Préfet de la région fixe les règles qui s’appliqueront aux pêcheries, qui prend une partie des décisions concernant les poissons migrateurs (pour le saumon atlantique, la grande alose, l’anguille, la truite, entre autres).
Ce comité valide le plan de gestion des poissons migrateurs (Plagepomi), dont les scientifiques de l’Inra sont les signataires, permettant de faire évoluer les mentalités, et surtout, de prendre soin des poissons, et de notre environnement.
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