... Et le compte à rebours est commencé.
Ils étaient attendus avec impatience ... si important dans notre gestion piscicole pour repeupler des lieux inaccessibles pour une truite de reproduction ... tant par ces paliers que par ces cascades infranchissables.
... mais aussi pour faire face à toutes ces perturbations liées aux ouvrages hydrauliques et hydroélectrique qui fonctionnent par éclusées.
... Pourtant, on pourrait croire que ces ouvrages prennent l'eau au torrent pour lui rendre ensuite, donc rien d'imparfait, a priori ... mais en avale de ces ouvrages les hauteurs d'eau varient fortement et les truites de reproduction naturelle voient souvent leurs frayères perturbés , pour ne pas dire balayer par un courant soudain trop fort ... à l'inverse, ils peuvent aussi se retrouver à sec, ou même recouvert de limons par des lâchés subites et trop boueux.
... Beaucoup de ces ouvrages empêches les truites de circuler librement et entrave également une circulation régulière des sédiments.
80 000 alevins nous attendent pour palier aux déficits de reproduction naturelle.
... Ces 16 sacs de 5 000 alevins à résorption de vésicules sortent tout droit des écloseries de la fédération de pêche de l'Isère ... ils sont gonflé à l'oxygène , mais nous n'avons que 2 à 3 heures depuis le départ de la pisciculture pour allez les déposer dans les ruisseaux ... depuis ce moment-là le compte à rebours a commencé.
... L'origine de ces alevins sont de souches atlantiques, non pure à 100 % ... mais avec un pourcentage d'un croisement bénéfique avec la souche rhodanienne ... (une des souches la plus proche de nos souches autochtones ... mais j'y reviendrai plus tard
... Ils sont-là ! ... c'est le temps de la répartition rapide et méthodique ... une quinzaine de bénévoles sont nécessaires pour répartir ces alevins selon un plan d'alevinage précis et défini à l'avance ... puis c'est le départ vers les contreforts de la vallée du Grésivaudan.
... La pluie de ces derniers jours sont venues gonfler nos petits ruisseaux , la météo nous oblige à anticiper ... car , les prochains jours s'annoncent encore pluvieux.
... L'alevinage de celui-ci sera donc décalé un peu plus avale, vers un endroit plus plat , moins canalisé si l'eau monte encore davantage , car la puissance du courant devenu plus fort pourrait malmener ces jeunes alevins en les emportant dans leurs flots chargé de débris assassins ... propulser par des courants violents.
Voici le même ruisseaux un peu plus bas , il est plus large et peu profond et ci l'eau monte les jeunes truitelles auront la possibilité de se réfugier dans les bordures et suivre plus facilement la fluctuation des courants sans être systématiquement acculer contre des bordures trop marquées ou les flux sont plus violents.
C'est avec Bernard et Jean Claude que je forme équipe aujourd'hui … dans un premier temps , il faut poser le sac dans le ruisseau , attendre 10 à 20 minutes minimum pour atteindre une concordance de température entre l'eau du ruisseau et la poche d'alevins ... à savoir que le temps est variable en fonction des différences de degrés entre ces deux.
La taille des ces alevins font moins de 2 cm .
... Préalablement, ils arrivent à l'écloserie sous forme d'oeufs fécondés (comme en photo sur le médaillon)
... Le temps d'éclosion est très variable ... il ne se calcule pas en heure, ni en minutes , ni en secondes ... mais en degrés/jours ... je m'explique : l'éclosion pour une truite fario depuis la fécondation jusqu'à l'éclosion est de 420 degrés /jours ... soit 42 jours à une eau à 10° c.
... Dans nos torrents de montagne on peut considérer que le temps est doublé, car les températures de leurs eaux sont plus proches de 5 degrés celsius, à ce moment-là de l'année ... c'est même moins, parfois ... ce qui indirectement rallonge le temps de l'écosion de ces alevins à résorptions de vésicules.
A noter que la vésicule et bien visible sur l'alevin de truite en bas à droite de la photo .. ils ne s'alimenteront pas encore maintenant, ils vivront sur cette resserves par l'intermédiaire de leurs vésicules vitellines.
... Par la suite ils trouveront leurs nourritures dans le ruisseau sans jamais avoir pris l'habitude de l'alimentation intensive de la pisciculture ... ce qui facilitera leurs départs dans leurs vies et dans leurs quêtes d'une alimentation naturelle.
... C'est à ce stade où dans les conditions naturelles les mortalités sont les plus fortes … mais aussi à ce stade qu'un alevin de réintroduction à le plus de chance de survivre, car jamais aidé artificiellement pour ce qui est de la nourriture.
C'est le moment de faire rentrer de l'eau du ruisseau dans la poche d'alevins, ceci afin d'éviter tout chocs thermiques ... puis attendre encore quelques minutes supplémentaires .
... Pour s'assurer de la concordance de température : plonger votre main dans le ruisseau et dans la poche d'alevins ... si tout vous semble cohérent, procédez à leurs libérations.
Ici un autre ruisseau plus en mouvements ... il faut vraiment trouver des endroits à l'abri des courants violents … parfois il est bon de protéger l'endroit avec des pierres , car il faut aussi que les alevins reprennent leurs esprits tranquillement.
... Puis, les libérer doucement, en évitant de faire une vague tel un tsunami, car on ne déverse pas que de jeunes poissons, mais on libère aussi un supplément d'eau qui, si on n'y prête pas attention va faire partir les alevins dans les grands courants où ils peuvent un peu trop rapidement rencontrer leurs congénères qui ne feraient qu'une bouché de cette manne providentiel.
On lèvera quels cailloux pour rechercher la présence "de bestioles" des eaux vives.
... On les appelles : Patache où Patraque, mais ce n'est pas leurs seuls nom vernaculaire.
Scientifiquement ce sont des larves d'heptageniidae ... elles sont reconnaissables à leur corps très aplati, ces nymphes aggripeuses sont remarquablement adaptées aux forts courants des torrents montagnards.
... Elles vivent généralement sur et sous un substrat dur : tel-que les pierres, les cailloux, des blocs ou circulent des courants oxygénés où elles broutent, pour la majeure partie, des algues microscopiques, mais certaines espèces sont également prédatrice.
Lorsque l'on trouve ce type d'éphéméroptère c'est une preuve rassurante d'une bonne qualité du milieu dans lequel elle évolue.
Voilà ce qu'est un alevinage avec de très jeunes truites ou l'habitat doit être soigneusement choisi.
... Il n'est pas toujours facile de trouver des ruisseaux ou l'eau s'écoule toute l'année et qui plus est pas trop profond , car ces alevins pourraient y rencontrer des prédateurs bien plus grand qu'eux .
... Ces lieux doivent avoir aussi des habitats existants pour que les truites soient protégées des crues soudaines.
Pour finir voici maintenant les caractéristiques de ces jeunes truites fario :
Pour les truites fario ... il existe une multitude de souches génétiques bien différentes ... mais elles sont issues de deux lignées principales correspondant aux deux principaux bassins versants :
... on distingue ainsi la souche-mère atlantique et la souche-mère méditerranéenne.